L’arbre est immense. On devine que ses racines s’enfoncent profondément dans le sol. A sa base, un homme a installé son campement. (…). Un couple, puis un autre homme arrivent et leur existence ne sera plus jamais comme avant. (…)
Chacun va être confronté à cette existence sans autre protection que soi-même et sa capacité à vivre avec d’autres, (…). Ce sera moins facile que de réaliser des équilibres sur des bases impossibles, de réussir des portés au sol ou à plusieurs mètres du sol, de monter ou/et descendre à la corde lisse, au mât chinois, de se balancer au trapèze… Les passions vont parfois prendre le dessus, la violence s’en mêler, et le jeu dégénérer en souffrance. Les trucs de la magie ne servent plus à rien, alors.
Pourtant, l’humanité de ces personnages qui ne parlent qu’avec leur corps, ce sera de poursuivre, de vivre encore, plus loin, s’il le faut, de mettre les voiles, peut-être pas ensemble, mais sans rancune, après avoir traversé les épreuves des quatre éléments : la terre où chaque pas prend appui, l’air où une pulsion irrésistible fait monter les quatre personnages, le feu autour duquel ils se réunissent quand le froid les saisit, l’eau qui les surprend et dont ils s’amusent.
Parce qu’on rit devant ces performances, on rit et on tremble d’être un peu cette femme et ces hommes, non dans leurs capacités à réaliser des mouvements dont je suis, pour ma part, bien incapable, mais parce que leur histoire pourrait être la nôtre. Parce que cette histoire est une histoire humaine, faite de rencontres, de difficultés, de désir, de chagrin, de confiance, de mise à nu, d’espoir, et de départs, de DEPART.
Article de Marc VERHAVERBEKE, suite au Festival »ET MOI, ALORS ? ».
Théâtre Gérard Philippe, Académie Fratellini du 8 au 12 mai 2010.